Née à Huy en 1976, Sophie Legros vit et travaille à Liège. La plasticienne a été formée à la peinture monumentale à l’Académie royale des Beaux-Arts de la même ville.
« Peintre, dessinatrice, sculptrice, pratiquant l’installation, Sophie Legros est une plasticienne dont la démarche, à la fois protéiforme et cohérente, est d’abord une affirmation du travail artistique comme mode d’expression d’une énergie vitale libre et spontanée, d’une pulsion existentielle liée à l’acte de création et aux contingences qu’il peut rencontrer. Il en découle des réalisations qui brouillent un certain nombre de préconçus que nous pouvons avoir quant à l’idée d’œuvre d’art. Chez elle, le travail ne s’exprime pas en termes de finitude mais en termes de processus et de diversité des possibles. Dès lors, l’exposition d’étapes de recherche ou de matériaux bruts peut participer de l’œuvre et questionner la notion d’achèvement que le spectateur peut avoir de celle-ci. De même la superposition ou l’éclatement des surfaces et des contours brouille l’idée de limite, de cadre ; et ce tant dans le plan que dans l’espace… »
Gauthier Simon, mars 2016
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Lorsqu’il me faut tenter de rendre en mots l’expérience que je vis à travers mon travail, qui n’est peut-être finalement qu’une promenade dans un grand point d’interrogation (sphérique et polyédrique à la fois…), je trouve refuge dans ces paroles de Novalis (dans L’Art chinois de l’écriture) qui, l’air de rien, recopiées au crayon sur un vulgaire A4, imprègnent les murs de mon atelier pour mieux le garder au frais. C’est, du moins, ce que je souhaite… : « C’est dans ce jeu seulement (celui du sentir) que l’homme prend véritablement conscience de sa nature propre, de sa liberté spécifique, et qu’il a le sentiment de sortir d’un profond sommeil, d’être enfin chez lui dans ce monde et de voir s’éclairer son univers intérieur. Il a le sentiment d’avoir atteint une sorte de perfection lorsqu’il parvient, sans gêner ce jeu, à sortir et penser tout en laissant ses sens remplir leurs fonctions pratiques. Les deux ordres de perception y gagnent : le monde extérieur devient transparent, le monde intérieur se diversifie et se charge de signifiance et l’homme se trouve au milieu des deux, faisant l’expérience intime de la liberté la plus parfaite et du plus jubilatoire sentiment de puissance. Il est naturel qu’il cherche à rendre permanent cet état, à retendre à l’ensemble de ses impressions ; qu’il cherche sans relâche l’appariement des deux mondes, qu’il tente de découvrir leurs lois, leurs sympathies et leurs antipathies. »
S’il est encore tôt pour interpréter l’installation que je propose dans l’espace d’exposition du cinéma Churchill, puisqu’elle est toujours en cours de construction et que je ne pourrai la découvrir pleinement que lors de sa mise en place réelle, un titre pourtant me revient avec une certaine insistance, comme s’il lui était destiné : « Libre arbitre ».
Sophie Legros, octobre 2015