Née à Huy en 1976, Sophie Legros vit et travaille à Liège.
La plasticienne a été formée à la peinture monumentale à l’Académie royale des Beaux-Arts de Liège où elle a aussi enseigné. Vers 2010, sa peinture affirmait, avec de plus en plus d’insistance, le besoin de sortir du cadre, revisitant le support et son environnement. En découlent notamment d’imposantes compositions en 3D en rapport aux lieux et espaces investis, caractérisées aussi par le remploi de restes d’œuvres antérieures et un besoin manifeste, dès 2016, d’intégrer elle-même ses compositions, de grimper, de gagner l’Olympe… Sophie Legros s’exprime non seulement par la peinture, son medium de prédilection, mais aussi par la photographie, la vidéo, la performance et l’écriture. En témoignent les actions-installations de 2016 et 2017 au sein de l’atelier ou d’un appartement vide, véritables performances et ode à la créativité, illustrées et documentées dans son ouvrage En quête de formes, paru en 2020. Dans celui-ci, s’appuyant sur des réflexions et préoccupations personnelles et philosophiques, l’artiste raconte comment l’intégration de l’environnement dans l’œuvre est susceptible de nous transporter vers une nouvelle lecture du monde jusqu’à parfois transformer nos vies. Depuis, et suite aussi à une résidence d’artiste à Sićevo en Serbie qui s’avéra décisive, l’artiste enchaine les expositions, interventions et projets en Belgique, en Serbie ou en Espagne.
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Lorsqu’il me faut tenter de rendre en mots l’expérience que je vis à travers mon travail, qui n’est peut-être finalement qu’une promenade dans un grand point d’interrogation (sphérique et polyédrique à la fois…), je trouve refuge dans ces paroles de Novalis (dans L’Art chinois de l’écriture) qui, l’air de rien, recopiées au crayon sur un vulgaire A4, imprègnent les murs de mon atelier pour mieux le garder au frais. C’est, du moins, ce que je souhaite… : « C’est dans ce jeu seulement (celui du sentir) que l’homme prend véritablement conscience de sa nature propre, de sa liberté spécifique, et qu’il a le sentiment de sortir d’un profond sommeil, d’être enfin chez lui dans ce monde et de voir s’éclairer son univers intérieur. Il a le sentiment d’avoir atteint une sorte de perfection lorsqu’il parvient, sans gêner ce jeu, à sortir et penser tout en laissant ses sens remplir leurs fonctions pratiques. Les deux ordres de perception y gagnent : le monde extérieur devient transparent, le monde intérieur se diversifie et se charge de signifiance et l’homme se trouve au milieu des deux, faisant l’expérience intime de la liberté la plus parfaite et du plus jubilatoire sentiment de puissance. Il est naturel qu’il cherche à rendre permanent cet état, à retendre à l’ensemble de ses impressions ; qu’il cherche sans relâche l’appariement des deux mondes, qu’il tente de découvrir leurs lois, leurs sympathies et leurs antipathies. »
S’il est encore tôt pour interpréter l’installation que je propose dans l’espace d’exposition du cinéma Churchill, puisqu’elle est toujours en cours de construction et que je ne pourrai la découvrir pleinement que lors de sa mise en place réelle, un titre pourtant me revient avec une certaine insistance, comme s’il lui était destiné : « Libre arbitre ».
Sophie Legros, octobre 2015