Émile Alexandre

Né à Liège en 1935, Émile Alexandre y meurt en 1973.
Formé en dessin et peinture de chevalet à l’Académie royale des Beaux-Arts de Liège, licencié en Histoire de l’Art et Archéologie de l’Université de Liège, il enseigne ensuite cette matière à l’École supérieure des Arts de Saint-Luc et à l’Académie de Liège. Passionné par la Renaissance italienne et l’Antiquité, Émile Alexandre s’en est beaucoup inspiré, et particulièrement de Botticelli, pour les compositions et les formats de ses toiles. Il a partagé un atelier rue Jonfosse avec son ami Guy Vandeloise.

Qui aurait pu dire, en voyant ses premières œuvres, qu’Émile Alexandre deviendrait l’un des plus importants précurseurs du Nouvel Expressionnisme ?

Épris de grâce et de beauté, proche de Botticelli qu’il vénérait, Émile Alexandre ne pensait alors qu’à dire l’harmonie universelle, qu’à retrouver l’Unité.

C’est ce qui l’entraîna à utiliser la section dorée, à créer un type de tête ambivalent, à employer une couleur de plus en plus dense dont la luminosité transcende la forte matière. C’est ce qui l’amena enfin à peindre des œuvres importantes sur le thème de l’Androgyne.

Dès 1967, cependant, son œuvre de lumière et de couleurs devint progressivement plus inquiète. C’est que le triomphe de la société de consommation, le vide spirituel, le massacre de la nature et des villes, l’écrasement des minorités – et notamment de la culture wallonne par l’État belge – allaient le conduire à la pire dépression.

Violent ou tendu, de plus en plus sombre, son travail préfigure alors ce Nouvel Expressionnisme qui triomphe après sa mort survenue le 3 février 1973.

Jouez sans moi les amis
la comédie
dorénavant m’agace
finir en statue de sel
victime de son passé
ne me dit rien qui vaille
adieu j’en ai soupé
je retourne dans mon anneau de cuivre

Désignant ainsi la planète Vénus, Émile Alexandre disait clairement son souhait de retrouver enfin cette déesse dont la naissance signifiait pour les Renaissants l’apparition en ce monde du divin message beauté.

Guy Vandeloise
février 1993