Née à Huy en 1950, elle y vit et y travaille désormais.
L’artiste vit une partie de son enfance au Congo où sa mère apprend aux jeunes femmes du village à coudre et à tricoter. C’est là le point de départ d’une passion qui ne la quittera plus jamais : la création textile. Elle entre à l’Académie des Beaux-arts de Liège en cours du soir où elle se forme au dessin, à la peinture et à la sculpture puis, au début des années 1970, elle rejoint l’atelier de tapisserie donné par Juliette Rousseff. En 1988, lorsqu’elle obtient une bourse de recherche à la Fondation de la Tapisserie, des Arts du Tissu et des Arts muraux de la Communauté française de Belgique, l’artiste commence à travailler sur des tissus industriels de lin ou de coton qu’elle peint, imprime, brode… Ses créations ont fait l’objet de nombreuses expositions et acquisitions en Belgique et à l’étranger. Elle partageait la vie du sculpteur Georges Bianchini.
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Précarité des choses, béance de l’absence, nostalgie : c’est sur ce terreau que poussent les fleurs fragiles de la vie et de la poésie dans l’œuvre de Dani Tambour.
Proust partait, dans ses romans, à la recherche du Temps Perdu. Dani, par ses broderies, accomplit le même voyage. Comment ramener à la surface, à la vie, une réalité disparue, parfois même inexistante (le grenier qu’elle n’a jamais eu et auquel elle rêvait). Comme elle le dit en se rétractant devant les questions qu’on lui pose : moi, je ne sais pas philosopher, je cherche juste à créer mon grenier. Mais que trouve-t-on dans un grenier ? Les traces de vies antérieures, d’êtres disparus – vieux meubles, vêtements, ornements, photos, vieux livres, ou même lettres parfois. C’est l’endroit où peut couver l’imaginaire, où l’on peut recréer un réel poétisé.
Ainsi va-t-elle, par le lent parcours des points de broderie, recréer des sièges et des coussins, repeindre, ligaturer et festonner des paires de gants. Parfois aussi, ouvrant un livre, elle rebrode des passages littéraires qu’elle peut très bien associer à des phrases évoquant ses propres souvenirs (Boire du thé de la lune, Mon édredon rouge).
Il lui arrive de transposer sur textile de vieilles photos noir et blanc et de se demander, regardant les vêtements des personnes représentées : Mais de quelles couleurs étaient donc ces habits ? Elle souligne alors par la peinture et le coton, les présumées matières-couleurs de ces textiles faisant ainsi rentrer dans la vie présente des êtres qui lui sont chers. C’est d’ailleurs sous cette forme qu’elle a conçu sa participation à l’exposition de la Châtaigneraie : créer un face-à-face entre des pierres suspendues, œuvres de son ancien compagnon disparu, et les photos retravaillées de lui, petit garçon.
Certes Dani, tu ne philosophes pas, mais il t’importe de créer la rencontre entre le passé et le présent, entre la blessure et la poésie, et avec tous tes amis en leur demandant de t’offrir la trace de leur main gauche (celle du cœur, comme tu le dis) dont tu rebrodes fidèlement le contour.
Tu ne philosophes pas…
Juliette Rousseff
mai 2019