Brigitte Corbisier

Née à Liège en 1946, elle y vit et y travaille. Diplômée de l’Académie royale des Beaux-Arts de Liège en graphisme et illustration, peinture et gravure, elle poursuit sa formation de graveuse à l’Université des Arts de Belgrade (Serbie) et participe à de nombreuses expositions personnelles et collectives en Belgique et à l’étranger (Pologne, France, Sénégal, Portugal…). La faune et la flore, le microcosme, sont sa plus grande source d’inspiration ; oiseaux, insectes, pierres et autres coquillages se dévoilent dans ses gravures, ses peintures et, plus récemment, ses « dessins animés », même si des préoccupations cosmogoniques y voient le jour.

Un désir de voir

Brigitte Corbisier ne cesse de faire l’épreuve du minuscule, où tiennent des mondes, les siens, qu’elle arpente dans la clarté tantôt heureuse et tantôt douloureuse d’exister, et les nôtres dont souvent nous sommes ignorants. Des insectes courent entre les herbes du jardin, à Liège, au Pèrî, ou partout ailleurs. Des feuilles tremblent doucement, des mouches bourdonnent sur la page. Progressent les coccinelles, s’obstinent les éphémères, que nous sommes, aussi bien, et les oiseaux : les cigognes elles-mêmes, les grandes cigognes blanches ou noires qui battent lentement le vide de leurs ailes d’encre, de papier.
(Tombe en silence et ne te soucie de rien : de ses yeux d’algues noires la mer invisible te regarde et t’attend.)
Depuis la nuit des temps, dans l’espace et dans le temps, les êtres se métamorphosent, et nous-mêmes, amibes, élans, collines et nuages. Coulent les rivières parmi le monde et le sang dans nos veines. Fleurissent les étoiles, la nuit, dans le vaste ciel. S’enflamment les jours et tombent dans nos vies des milliers de météores. La mort n’existe pas, mais le mouvement seul d’apparaître ou de disparaître. Rien ne change et tout s’agence. Tout, toujours recommencé, tout est en mouvement, tout est en lien dans la soif jamais étanchée d’exister. À la pointe sèche, au pinceau, à la bouche, Brigitte Corbisier ne cesse de nous donner à voir les choses telles qu’elles sont. Être enfin, avec elle, à hauteur du minuscule.

Carl Havelange, 2019