Roland Castro

Né à Oreye en 1948, Roland Castro y décède en 2005. Licencié en politique économique et sociale de l’Université de Liège et gradué en photographie d’art de Saint-Luc Liège, il y enseigne la photographie. Membre fondateur du groupe liégeois Quanta, il revendique l’importance de la matière, du jeu des ombres et de la lumière dans la pratique photographique, à tel point que l’approche esthétique de Roland Castro s’apparente parfois à l’art pictural. Son travail a par ailleurs fait l’objet de nombreuses expositions personnelles et collectives entre 1986 et 2014 à travers le monde.

« Je refuse de me laisser emprisonner dans une morale photographique appauvrissante, je milite pour une photographie qui reconnait toutes les formes de l’empreinte lumineuse. »

Ma démarche

Souvent, dans la pratique photographique, la « chose » représentée, tirée sur un support présumé neutre, est importante. Toutefois, cette « chose » n’est pas la seule couche signifiante : les signes plastiques généraux – couleurs, formes, textures, composition… – et les signes plastiques photographiques – flou, figé, vision télé ou grand-angulaire, température de couleur, cadre – sont également signifiants. Je photographie des pierres, des visages (humain ou sculptural), des ombres… un peu pour leur valeur expressive ou symbolique, beaucoup parce que ces
« choses », disponibles, me permettent de faire vivre les papiers, les textures, les pigments, de faire signifier de manière manifeste et autonome.

Ce qui arrive

Je ne peux me limiter à déclencher, clic-clac. J’ai besoin d’une photographie où il y a des papiers à plier, à déchirer. Ce que je fais se situe entre les signes plastiques généraux et les signes spécifiquement photographiques parce que les textures et les matières relèvent des signes plastiques généraux. Quand un phénomène accidentel se présente, si je l’accepte, j’essaie de le reproduire. Parfois, je me dis « est-ce que j’ose faire ça ? ». Maintenant, j’ose, tout ce qui se présente, j’ose le faire et le refaire. J’ose me l’approprier mais il faut évidemment que je puisse rencontrer cette surprise présente. Il faut que je sois en accord avec ce qui arrive, avec cet accident. Ce n’est pas un accord avec des règles explicites ou implicites. Je crois que c’est un accord avec ce que je suis, plus profondément qu’avec des règles.

Roland Castro